Marie Madeleine Gautier

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brutes de fonte

C'est un message de paix et de tolérance. Et encore, tolérance, ce n'est pas le bon terme ! La tolérance, c'est s'accepter, se supporter ; alors que mon message va plus loin. C'est l'absolue nécessité d'échanger pour évoluer, pour s'enrichir : l'échange de culture, c'est l'enrichissement de la culture.

Dans un premier temps, j'ai choisi les disproportions parce que je me refusais à démontrer l'évidence : proportion classique ou forme à la mode (femme mince et bien faite) égale beauté. Comme beaucoup de créateurs, je voulais démontrer que la beauté pouvait se trouver ailleurs, par exemple dans la représentation de femmes monstrueuses (éléphantiasis), bras ou jambes de longueurs différentes ou tout simplement convenues comme laides, jambes courtes et grosses, obésité, etc...

Si je me suis autant plu à rechercher l'équilibre d'éléments opposés, contradictoires et/ou disproportionnés, c'est que le message n'est pas simplement esthétique. En harmonisant les disproportions, j'essaie de démontrer de façon évidente que les opposés s'enrichissent naturellement. J'ai choisi une représentation simple et évidente : le corps humain, plus spécialement celui de la femme. Tout le monde le connaît et l'a en mémoire. Nous sommes à peu près tous (tous les peuples) d'accord pour reconnaître la beauté sur un visage ou dans un corps ; la beauté est internationale, les critères de la laideur aussi. J'ai donc choisi des critères de laideur pour les harmoniser et montrer que la beauté, l'élégance et la grâce pouvaient y éclore. Pour prouver que le monde entier peut être d'accord sur des a priori et se tromper. En ce qui concerne l'humain, rien n'est évident. Les exceptions sont plus nombreuses que les règles. Les parties fines enrichissent les larges volumes et eux-mêmes donnent beaucoup d'émotion aux parties fines.

1ère opposition : C'est parce que les têtes sont petites que mes sculptures ont l'air si grandes et occupent autant l'espace.
2ème opposition : C'est parce que les bras et le buste sont si frêles que le bassin et les jambes ont l'air aussi solides, aussi bien ancrés dans le sol et donnent un sentiment de force intérieure et naturelle.
3ème opposition : Ce sont les volumes amples et généreux à partir de la taille qui font vibrer les parties frêles, qui attirent l'attention sur cette écriture fragile et qui en même temps la protègent et lui permettent de s'épanouir.
4ème opposition : Les parties frêles donnent aux larges de la grâce et de la légèreté. Pour exister pleinement, les parties larges ont besoin des fines et vice versa. C'est de leur union que naît leur force.
Par cette recherche d'équilibre dans les oppositions, j'essaie de montrer que ce sont nos différences qui nous enrichissent les uns les autres. Ne côtoyer que des gens qui pensent la même chose que nous est stérile. Comparer des idées différentes ne peut que nous faire évoluer. Il en va de même pour les peuples. La connaissance et la reconnaissance d'autres cultures les font évoluer.